Les camélidés s’adaptent à la traite mécanique

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Les camélidés s’adaptent à la traite mécanique

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Les Camélidés s’adaptent à la traite mécanique

L’or blanc du désert produit par les chamelles, traditionnellement traites à la main, permet à de nombreuses familles paysannes de par le monde de se nourrir, voire de s’enrichir. ­

Facile à digérer, plus riche en vitamines, moins gras que le lait de vache… Très prisé au Moyen-Orient et en Asie, le lait de chamelle, aux nombreuses vertus, va-t-il bientôt venir concurrencer le lait de vache ? On en est loin. Même si certains, comme les Émirats Arabes Unis en rêveraient, les seuls à déjà posséder l’agrément pour exporter ce lait en Europe.

La chamelle, un animal facile à domestiquer

Mais au fait, une chamelle, ça a une ou deux bosses ? Vu de Bretagne, nous qui recherchons des animaux à la ligne de dos bien droite, ce n’est pas évident… Le chameau à deux bosses, camelus bactrianus, et le dromadaire à une bosse, camelus dromedarius, appartiennent tous les deux à la famille des grands camélidés, leurs femelles sont donc toutes des chamelles. Si elles sont surtout utilisées comme animal de bât et de transport, « au niveau zootechnique elles sont plus connues pour leur viande, leur laine (en Asie) ou leur cuir, que pour leur lait, utilisé pour usage familial ou pour des événements festifs ! », rapporte Pierre-Guy Marnet. Cet enseignant-chercheur à Agrocampus Ouest a découvert cet animal, lors du suivi d’une thèse originale sur la traite en Tunisie, quelques troupeaux s’initiant à la traite mécanique afin d’accroître leur production et répondre à la demande du marché. Depuis, il parcourt le monde pour les aider à affiner les techniques de traite, grâce aux connaissances acquises dans nos contrées dans d’autres espèces.

De 2 500 à 4 500 L par lactation

La chamelle, qui met bas tous les deux ans, a quatre mamelles pour élever son chamelon. Comme les vaches ? Oui mais… « En l’absence de schéma de sélection, les animaux présentent des diversités de formes de mamelle et des trayons et, en ce sens, ressemblent plus aux chèvres qu’aux vaches »… D’après les généticiens, il n’y a qu’un seul dromadaire, mais de taille et d’aptitude laitière très différentes. En Europe, les grands camélidés sont exclusivement présents aux Canaries. Leur diffusion a commencé en 2006 suite à l’importation d’une cinquantaine d’animaux aux Pays-Bas.

« Dans les pays où l’animal est présent de manière ancestrale, au sud de la Tunisie où nous travaillons par exemple, dans des systèmes pastoraux et transhumants, les chamelles — pouvant produire 1 000 à 2 500 kg de lait — sont traites manuellement sur parcours en parallèle de la tétée des jeunes. En proximité des villages qui leur servent de marché, se développent aujourd’hui des élevages sédentaires plus intensifs où les animaux sont parqués par groupes de 5-6 individus dans des enclos où ils sont alimentés. Dans les élevages des pays de la corne arabique, comme au Pakistan, regroupant parfois jusqu’à 2 000 individus, on peut trouver des animaux de plus gros format qui peuvent produire quant à eux jusqu’à 4 500 L/lactation (sur 1,5 an). »

La traite mécanique a été initiée dans les Émirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite. De gros haras de camélidés élevés pour les courses avaient besoin de lait pour élever les chamelons. Et ce produit de luxe semblait porteur pour structurer une filière de produits lactés. Leurs laiteries diffusent aujourd’hui ce nectar du désert très prisé en briques de lait nature, aromatisé, crème glacée ou chocolat. Depuis, d’autres laiteries se sont multipliées sur ce créneau porteur (Mauritanie, Égypte, Inde, Kenya, USA, Autralie…).

L’expertise bretonne sur la traite mise à profit

Dans un premier temps, ils ont conçu des blocs de traite, de manière empirique, avec les réglages et matériel existant pour les vaches laitières, le chamelon devant sa mère lors de la traite. « Mais nous avons clairement montré que ces animaux s’adaptent facilement à la traite mécanique moyennant un court apprentissage, y compris en leur enlevant leur progéniture. Maintenant, nous affinons les réglages et étudions la conception de nouveaux faisceaux trayeurs. Avec nos études de cinétique d’émission du lait sur pot trayeur, à l’aide d’un lactocorder®, et avec l’aide de l’analyse des hormones (ocytocine, cortisol…) adaptée à cette espèce — première mondiale ! —, nous avons appliqué nos méthodes de recherche comme nous l’avions fait en brebis et chèvres laitières, voire zébus ou chevaux, à Rennes (35), pour déterminer le réglage du vide et le niveau de pulsation les plus adaptés à cette espèce. »

Bénéficiera-t-on de ces atouts miraculeux ?

« Les études vont se poursuivre sur l’optimisation de la production et son effet sur les qualités de ce lait, qu’il ne faudra pas perdre, mais aussi sur les usages santé de ce lait », poursuit Pierre-Guy Marnet. Antibactérien, antiviral, antifongique… ce breuvage a le vent en poupe et est recommandé en prévention par de nombreux médecins (régulateur de la glycémie, renforcement du système immunitaire, effets bénéfiques contre l’autisme, anti-cancéreux…). Des effets médicaux rapportés sans être néanmoins tous confirmés scientifiquement aujourd’hui… Mais, une chose est sûre, le microbiote de ce lait est hostile à l’installation d’une flore pathogène. « Il pourrait, ainsi, lutter contre certains germes responsables de mammite chez les vaches, chèvres ou brebis ». Ainsi la boucle serait bouclée : la traite caméline, aidée par les connaissances scientifiques et techniques de l’élevage breton, viendrait à son tour aider nos filières laitières… Et qui sait, si le climat se réchauffe encore plus…, peut-être rencontrerons-nous un jour des dromadaires ou chameaux en Bretagne !
Source: paysan-breton.fr

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